Présentation de l’éditeur
« Vous avez raté votre vie ? Avec nous, vous réussirez votre mort ! » Imaginez un magasin où l'on vend depuis dix générations tous les ingrédients possibles pour se suicider. Cette petite entreprise familiale prospère dans la tristesse et l'humeur sombre jusqu'au jour abominable où surgit un adversaire impitoyable : la joie de vivre...
Mon avis
Mishima et Lucrèce Tuvache, nommés selon de célèbres suicidés ont trois enfants nommés selon de célèbres suicidés : Marilyn, Vincent, tous deux dépressifs à souhait, et le petit dernier, Alan, débordant de joie de vivre.
Oui mais voilà, dans le magasin tenu de génération en génération dans la famille, cet optimisme n’a pas sa place. En effet, ce qu’on y vend, ce sont des moyens de suicider. Des cordes, des lames de rasoir, du poison (notamment le « cocktail du jour ») et d’autres choses plus originales telles le « Death Kiss » ou le « Kit Alan » (je vous laisse découvrir leur principe dans le bouquin). Les Tuvache vont donc tout faire pour mater leur plus jeune…
Ce livre est à prendre au second degré. Voire au troisième. Ou au quatrième. Il faut aimer l’humour noir et ne pas avoir peur de parler de la mort en rigolant. Si le titre à lui seul vous fait frémir, évitez.
Ce roman très court est déroutant de par le « culte de la mort » des Tuvache, leur absence de sentiment face à leurs clients, à qui ils ne disent jamais « au revoir » mais bien « adieu », car ils ne les reverront plus jamais. De par, également, le côté présenté comme absolument normal de la situation et le fait que l’on ne sache pas exactement quand ni où ça se passe, si ce n’est que c’est dans le futur, dans un monde ravagé par la misère et où tout le monde se donne la mort (rien qu’en regardant par la fenêtre, on voit quantité de gens se jeter du haut des tours du quartier).
Le personnage d’Alan est le plus attendrissant et j’ai apprécié Marilyn, toute jeune fille complexée. L’intérêt de lire un livre aussi cynique ? Décomplexer la mort. De plus, il s’agit selon moi d’une caricature de notre société où dépression et autres burnouts sont partout ; de même qu’une sorte d’avertissement sur la direction dans laquelle on va.
Ce roman est extrêmement original, il m’a plu sur presque tous les points. En fait, je ne lui reproche qu’une seule chose : certaines tournures de phrases et mots utilisés m’ont parfois semblé pas vraiment compliqués mais plutôt « tordus », mais relire le paragraphe permet d’éclaircir. J’ai d’ailleurs pris plaisir à le faire car j’ai savouré chaque miette de ce livre.
Mon ressenti
9/10
Le Magasin des Suicides, de Jean Teulé, éditions Pocket (5,20€)
Aussi disponible en grand format aux éditions Julliard (17,50€).