Présentation de l’éditeur
La jolie Tess est d'une fraîcheur à faire chavirer tous les cœurs. Surtout celui de son prétendu cousin, Alec. Mais l'odieux personnage n'est qu'un imposteur… et un profiteur ! Lorsqu'il séduit la jeune fille puis la déshonore, la belle se promet une chose : ne jamais se marier. Jamais ! Jusqu'à ce qu'elle rencontre Angel. Éduqué, riche, généreux. Tess succombe, résiste, doute. Sera-t-elle à jamais poursuivie par son inavouable passé ? Ou se pourrait-il qu'Angel la sauve de sa destinée ?
Mon avis
J’ai beaucoup entendu parler de ce roman – et pour cause, il s’agit d’un classique de la littérature anglaise – mais sous le nom de « Tess d’Urberville ». Avec cette réédition à la jolie couverture, le titre est devenu « Tess », preuve qu’il s’agit d’une version abrégée. Et je dois dire que ça m’a un peu perturbée dans la mesure où j’avais un peu peur de « ne pas tout lire ». Mais, au final, je n’ai pas la sensation d’avoir zappé une partie de l’histoire. Tout se suit, il n’y a pas de flou, pas de blanc ; j'ai lu le début en anglais et la traduction m'a semblé très fidèle… et en plus, il fait tout de même 445 pages. Donc, si vous aviez peur de passer à côté du livre à cause de cela, n’ayez crainte ! (^-^)
Je n’ai pas non plus eu l’impression qu’il s’agissait d’une version simplifiée pour plaire aux jeunes. J’ai d’ailleurs dû un peu m’accrocher au début parce que, j’ai beau aimer les belles phrases et le style propre à l’époque durant laquelle le roman a été écrit, s’il ne se passe pas grand-chose, la lecture devient lourde et parfois indigeste. Et au début, je m’ennuyais un tout petit peu. Heureusement, le récit a repris du poil de la bête.
Alors, non, « Tess » n’est pas un livre plein d’action, mais il s’y passe plein de choses au niveau de la psychologie des personnages. Tous sont admirablement créés. Il y a beaucoup de dialogues en plus, les chapitres sont courts et le livre est divisé en sept parties. Je pensais que c’était propre aux livres d’aujourd’hui, j’ai d’ailleurs cru au départ que ça faisait partie de la réédition, mais non, j’ai été vérifier. (^-^)
Mais de quoi parle ce roman ? Il raconte la vie de Tess, jeune fille de la campagne, à partir du jour où son père apprend qu’il descend de la famille noble des d’Urberville. A partir de cette découverte, il tentera de tirer avantage de ce statut et c’est ainsi que l’aînée de ses filles – Tess – se retrouve à frapper à la porte d’une de ses riches parentes. Mais ce n’est pas elle qu’elle trouve sur place mais son fils, Alec. Tess étant d’une beauté sans pareille, il se met en tête de la séduire. A force de ruses, il parvient à l’attirer dans la maison de sa mère. Ce que Tess ignore, c’est qu’il n’est qu’un imposteur, et qu’il va parvenir à abuser d’elle dans un moment de faiblesse. La vie de la jeune fille en sera bouleversée.
D’un côté, elle est victime de sa nouvelle et mauvaise réputation dans son village où les bruits courent à la vitesse de l’éclair. De l’autre côté, elle est prisonnière de son secret pour ceux qui n’ont pas eu vent de l’affaire. Elle décide alors de ne jamais se marier. Mais quand Tess rencontre Angel, ses certitudes sont remises en question… Tess s’en veut horriblement pour une faute qu’elle n’a pas commise et hésite à avouer son passé à Angel. Elle va jusqu’à mettre d’autres jeunes femmes en avant pour lui éviter de l’aimer et d’être malheureux…
Tess est une héroïne qui m’a profondément touchée. J’avais mal au cœur pour elle, mais même si je savais qu’elle n’était pas coupable, je comprenais qu’elle puisse douter à ce point. Je n’avais pas envie de la secouer comme ça m’arrive quand les héroïnes tergiversent trop. Ici, j’ai trouvé ça terriblement justifié – et terrible tout court.
Les descriptions créent l’ambiance de la campagne anglaise à l’ère victorienne, aux antipodes du malheur de Tess. Cette dernière voyage beaucoup, nous fait découvrir de nouveaux paysages, mais on reste dans sa tête, pour l’essentiel. Ce qui n’empêche pas les rebondissements : parallèlement à la lente évolution de chaque personnage (même si tous n’arrivent pas au bout de cette évolution…) il y a des éléments que l’auteur distille à merveille : des superstitions et des pressentiments qui nouent le ventre et laissent le lecteur angoissé mais impatient de connaître le fin mot de l’histoire.
Il y a quelque chose de terriblement moderne dans ce livre, par rapport au parti que prend l’auteur pour les femmes, dont la vie est beaucoup plus régie par les contraintes de la société que celle des hommes ; un événement peut bousculer toute leur vie alors qu’il n’entacherait pas celle des hommes. J’ai également remarqué qu’il y avait de multiples allusions aux étoiles et c’est un détail que j’ai apprécié.
L’issue ne m’a pas laissée indemne mais reste magnifique à mon sens pour son côté symbolique. Si ce livre est avant tout l’histoire d’une femme dont la vie a tourné autour du malheur à cause d’un seul événement, il s’agit aussi d’une histoire d’amour maudite mais très belle. Ce n’est pas un livre facile à lire car il y a beaucoup de tristesse entre ses pages, mais il n’est pas non plus difficile dans le sens où il est très agréable à lire et brillamment construit.
Mon ressenti
9,5/10
Tess, de Thomas Hardy, éditions Hachette jeunesse, collection Black Moon (18€)