Présentation de l’éditeur
Le chocolat et le café sont illégaux.
Le crime et la corruption font rage à New York.
Et Anya Balanchine aurait dû se méfier de son ex-petit ami.
La fille chérie du défunt parrain du chocolat n’a que faire de son héritage. Pour elle, la vie doit être une routine absolue. Aller au lycée, prendre soin de son frère adoré et de sa grand-mère mourante. Et surtout, éviter Gable, parfait loser et ex-petit ami. Oui, tout allait bien jusqu’à ce que cet imbécile de Gable soit empoisonné par le chocolat issu de la fabrique illégale des Balanchine. Que la police la croie coupable, passe encore. Qu’elle se retrouve à la une des journaux télévisés, inévitable. Qu’on la harcèle au lycée en la traitant de criminelle, d’accord. Mais voir revenir dans sa vie sa famille mafieuse au complet est le pire des châtiments. Anya se demande si elle ne va pas devoir renoncer aux cours et sortir son revolver, histoire de mettre de l’ordre dans les affaires…
Mon avis
Ce roman bouscule tous les codes. Souvent présenté comme une dystopie, il n’en a pourtant que l’aspect futuriste. Certes, l’action prend place dans un avenir pas franchement radieux, à New York où le chocolat, le café et le papier sont interdits. Brrrrrr.
Mais il n’y a pas de guerres où de conflits violents comme on en trouve dans la plupart des dystopies. De plus, l’aspect politique n’est pas hyper développé (même si ça aurait pu être intéressant et que je pense que ça viendra dans les tomes à venir) et il n’y pas de passages qui retournent l’estomac comme on en trouve bien souvent dans le genre. Par contre, il y a des « luttes intestines » (si vous ne savez pas ce que ça veut dire, Anya non plus n’en savait rien, moi non plus, et ça n’a rien à voir avec une indigestion de chocolat, on en découvre le sens dans le bouquin – ou grâce à un dico, bien sûr) car Anya est l’héritière de la famille Balanchine. À cause du caractère illégal du chocolat, l’industrie familiale baigne dans les affaires douteuses. Il n’est donc pas étonnant qu’Anya cherche à se tenir le plus éloignée possible de ce rôle, d’autant plus que c’est suite à ça que son père a été assassiné. Des années auparavant, c’était sa mère qui avait succombé à un accident visant son père. Cet attentat a également laissé des séquelles à son frère, Leo.
Anya s’occupe de sa famille, soit Natty, sa sœur, et Leo cité ci-dessus. Galina, sa grand-mère, est mourante et uniquement tenue en vie en attendant la majorité d’Anya, afin que celle-ci puisse devenir la tutrice légale de sa petite sœur. Leo a beau être plus âgé, apte à se débrouiller et une vraie crème, les conséquences de l’accident pourraient jouer en sa défaveur si les services sociaux se penchaient sur le cas de la famille Balanchine.
Anya est très dure envers elle-même, souvent prise de culpabilité. Elle prend son rôle de sœur très à cœur et est prête à tout sacrifier pour Natty et Leo. Elle est aussi une catholique fervente, cela pourrait rebuter certains lecteurs, mais sa foi fait partie du personnage et de sa personnalité. Je n’imagine pas le livre sans cet aspect, qui n’est par ailleurs ni une ode à la religion ni un prétexte pour la démonter. Anya est aussi très intègre, honnête, franche, et digne, même dans les pires moments. Vous l’aurez compris, je fais partie du fan-club d’Anya. Ce n’est pas le genre d’héroïne kick-ass hyper douée au combat – même si elle sait se servir d’une arme si besoin – elle est surtout forte mentalement, et le reste suit. Il est agréable de l’avoir pour narratrice et pour guide dans ce New York de 2083.
Je vous ai parlé de la grand-mère mourante d’Anya. Et bien, l’auteur a eu la bonne idée de donner son année de naissance, ni vu ni connu : 1995. Ahem. Ca fait réfléchir. Surtout quand elle explique à Anya la signification de « OMG » parce que « de son temps, on s’exprimait par abréviations »… J’ai eu un petit choc en lisant ce passage-là. :-)
On n’est pas entièrement dans l’enquête policière ni dans le thriller, mais il y a tout de même une vraie intrigue et des rebondissements. Le tout accompagné d’une bonne louche de romance à la sauce « amour interdit », la mièvrerie en moins car on comprend les enjeux derrière l’interdit de cette relation.
Si Scarlet, la meilleure amie d’Anya (j’ai aimé la manière dont l’auteur joue avec le cliché de la blonde écervelée, parce que Scarlet est tellement plus que ça) tient le rôle féminin principal dans la pièce du lycée « Hamlet », je vois parfaitement bien Win (qui semble incarner le petit ami parfait mais dont on sent qu’il est plus que ça, sous l’aura de mystère qui l’entoure) et Anya en Roméo et Juliette.
J’ai aimé l’esprit très pragmatique d’Anya, tout ce que lui a appris son père et qu’elle met en application. Elle ne se comporte presque pas en jeune fille écervelée. Presque parce que, quand il est question d’être amoureuses, les héroïnes des livres jeunesse (et elles ne sont peut-être pas les seules, en fait) ont tendance à devenir un peu bêbêtes parfois, n’est-ce pas ? Mais elle est la première à s’en moquer et, jusqu’au bout, elle reste un personnage cohérent. J’ai beaucoup apprécié ce livre construit comme un roman contemporain mais se déroulant dans le futur (et un futur pas si éloigné que ça). Seul bémol : il s’agit d’un premier tome qui laisse vraiment, vraiment… sur sa faim.
Mon ressenti
9/10
La mafia du chocolat, tome 1, de Gabrielle Zevin, éditions Albin Michel, collection Wiz (16€)